La
radio - La publicité à la radio
À la
radio (privée), la publicité est plus qu'omniprésente
: elle est la colonne vertébrale de cette industrie. Elle
est une partie importante de la programmation, occupant
plusieurs minutes de chaque émission, et elle est l'unique
source de revenus…
Intégration ou camouflage ?
Au fil
des années, différentes stratégies ont été développées pour
tenter de camoufler la publicité, pour la faire " passer
en douce ".
Ainsi, certaines stations de radio offrant une programmation
musicale généralement douce ont choisi de diffuser la publicité
après une chanson, sans intervention préalable de l'animateur
ou de l'animatrice ne devant intervenir qu'après le bloc
publicitaire. Cette intervention éveille alors l'attention
des auditeurs et auditrices qui ont ensuite droit à une
autre chanson. Évidemment, cette méthode de camouflage ne
peut être efficace que si les messages publicitaires sont
tout à fait adaptés au style musical de la station. Mais
si cette méthode est excellente pour les cotes d'écoute,
elle ne l'est pas nécessairement pour l'impact des campagnes
publicitaires : en tentant de faire passer la publicité
incognito, on en réduit forcément l'impact sur les auditeurs
et auditrices.
À l'inverse,
certaines stations musicales, généralement des stations
plutôt rock et pop, ont adopté comme stratégie de toujours
faire intervenir l'animateur ou l'animatrice avant le bloc
publicitaire de manière à ce qu'après la publicité, on enchaîne
avec un indicatif chanté et un gros succès musical. L'intervention
précédant le bloc publicitaire sert alors à annoncer le
gros succès qui suivra la diffusion des messages publicitaires.
Le développement de cette stratégie repose sur la théorie
que l'intervention de l'animateur ou l'animatrice" réveillera
" l'auditeur et l'auditrice avant la diffusion des messages
publicitaires qui seront ainsi plus écoutés et auront plus
d'impact, tout en croyant que celui-ci s'habituera à attendre
la fin du bloc publicitaire, sachant qu'un gros succès s'en
vient. On espère conserver l'écoute en fournissant un bonbon
(en brandissant une carotte au nez du lapin) : les gros
succès musicaux qui s'en viennent et que l'animateurou l'animatrice
annonce dans son intervention. Le problème, évidemment,
c'est qu'on fait alors penser à l'auditeur et l'auditrice
que c'est le temps de " pitonner " en attendant
la fin du bloc publicitaire.
D'autres
directeurs ou directrices de la programmation, afin d'augmenter
l'attrait de la station auprès des audiophiles, ont développé
un format de programmation devenu très populaire particulièrement
aux États-Unis au cours des années 80 : celui des blitz
musicaux ou blocs musicaux non-stop ( " 10 chansons non-stop
à chaque heure "; " 40 minutes de blitz musical "). Cette
formule a le désavantage de repousser dans un seul segment
horaire tous les messages publicitaires et de créer ainsi
un impact sur l'auditeur et l'auditrice beaucoup plus négatif
dans ce segment particulier, tout en noyant les messages
des annonceurs dans un océan publicitaire et en réduisant
les possibilités de maximiser la portée de la campagne publicitaire
(…). D'autre part, cette formule perd tous ses avantages
lorsque la guerre des non-stop débute entre les stations
de radio : vous en jouez 10 en ligne, ils en jouent 12;
vous augmentez à 15, ils augmentent à 20. Aux États-Unis,
où cette guerre a fait rage, plusieurs stations ayant adopté
cette stratégie sont revenues à une formule de programmation
dans laquelle les messages publicitaires sont répartis plus
uniformément dans l'heure de façon à garder chaque bloc
publicitaire le plus court possible. Et lorsqu'un segment
de blitz musical est effectué, il l'est sans qu'il en soit
question en ondes : on le fait plutôt que d'en parler !
Ce qui peut d'ailleurs être très utile en début d'émission,
lorsque vous cherchez à accrocher les auditeurs : le premier
bloc publicitaire normalement prévu selon l'horloge régulière
de programmation pourrait être éliminé, un peu comme le
font souvent les programmateurs de télévision pour le premier
bloc de publicité d'un film.
Bref,
aucune stratégie de camouflage n'a jamais vraiment fonctionné
parce que la publicité est vraiment là ! Et on veut qu'elle
soit écoutée pleinement ! (…) La vraie clef du succès réside
dans la profession de foi suivante : la publicité n'est
pas un facteur de décrochage et un message publicitaire
peut devenir aussi populaire qu'une chanson à succès. Il
faut donc procéder à l'intégration de la publicité dans
la programmation plutôt que de tenter de la camoufler.
Fronts
d'attaque pour réaliser l'intégration harmonieuse de la
publicité à la programmation
La programmation
Le nombre de minutes publicitaires, le nombre de messages
publicitaires et l'agencement des messages dans un bloc
publicitaire sont des facteurs d'intégration importants…
La création et la production
La qualité de la création et de la production des messages
publicitaires joue un grand rôle dans la qualité d'ensemble
d'une programmation. À la télévision, certains messages
sont devenus aussi populaires que des téléromans. Pourquoi
n'aurions-nous pas comme objectif de créer des messages
publicitaires aptes à devenir aussi populaires qu'une chanson
à succès ? (…)
L'animation
Pour que la publicité s'intègre à la programmation, il faut
d'abord que les animateurs ou animatrices évitent d'être
ségrégationnistes ! Pourquoi, par exemple, annoncer la prochaine
chanson-succès en utilisant des expressions telles que "
Après la pause… " ou " Au retour… " comme si l'émission
arrêtait lorsque la publicité commence ? Il faut accepter
la publicité, elle fait partie de votre émission ! Et pour
l'intégrer harmonieusement, pourquoi ne pas considérer les
deux minutes de publicité précédant le bulletin de nouvelles
comme faisant partie du bloc d'information ? Pourquoi ne
pas dire simplement " C'est maintenant l'heure du bulletin
de nouvelles " avant de diffuser les deux minutes de publicité
et d'enchaîner avec le bulletin de nouvelles ? Vous êtes
là pour donner un spectacle et non pour expliquer vos procédures
de mise en ondes…
L'agencement des messages
Il est généralement admis que la première position d'un
bloc publicitaire est la plus rentable pour un annonceur
puisqu'elle permet de rejoindre ceux qui changeront de station
de radio au début du bloc publicitaire et ceux qui réduiront
mentalement le volume même s'ils ne changent pas de station.
C'est d'ailleurs pour " réveiller " cette dernière catégorie
d'auditeurs et audtrices qu'il est avantageux d'intervenir
quelques secondes au milieu d'un long bloc publicitaire,
afin d'attirer leur attention et d'augmenter l'impact du
message publicitaire suivant. Cela peut être accompli en
mentionnant l'heure, en effectuant un bref rappel météo
ou en y insérant un concours rapide d'une durée maximale
de 30 secondes.
D'autres
théoriciens-nes, par contre, prétendent que la deuxième
position d'un bloc publicitaire est la plus rentable. Cette
affirmation serait basée sur les conclusions de certaines
études de sujets en laboratoire.
La question
de l'ordre (l'agencement) de diffusion des messages à l'intérieur
d'un bloc publicitaire est donc complexe et s'il existe
de nombreuses théories sur le sujet, aucune n'a jamais été
prouvée de façon irréfutable. En fait, un seul critère de
programmation est indiscutable : celui de la non-compétitivité.
Deux messages publicitaires annonçant des produits ou des
commerçants-es en compétition l'un avec l'autre ne doivent
pas être diffusés dans le même bloc, car l'impact de chaque
message risquerait d'annuler celui de l'autre.
NOTE : Le texte qui précède est extrait
de l'ouvrage de Darcy Kieran, Le métier d'animateur radio
et de directeur de la programmation radio publié aux éditions
Saint-Martin, Montréal, 3e édition, 1996, p. 44-47.
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